Ernestyna Potowska-Rose. Féministe juive de Piotrków

Ernestyna Potowska-Rose est née dans ce qu'on appelait la Ville Juive, à l'est de Piotrków, vers 1810. Elle était la fille d'un rabbin. Fille ambitieuse et curieuse du monde, elle a demandé à son père de l'instruire, contrairement aux coutumes en vigueur. À cette époque, seuls les garçons recevaient une éducation. Cependant, Ernestyna savait lire la Torah en hébreu et poser des questions importantes. Une telle curiosité n'était pas bien vue chez les filles. De plus, Ernestyna remettait en question les normes religieuses, notamment celles qui assignaient aux femmes un rôle subalterne. À 14 ans, elle a déclaré être non-croyante. Le père d'Ernestyna, souhaitant la contrôler, a décidé de marier la jeune femme.

À environ 16 ans, Ernestyna ne se réjouissait pas de la perspective du mariage. Son père avait choisi pour elle un futur époux, et le contrat de fiançailles stipulait que si elles étaient rompues, le fiancé recevrait la dot de la femme. La seule solution était de gagner l'affaire en justice. La jeune Piotrkovienne s'est rendue au Tribunal de la Voïvodie du Royaume de Pologne à Kalisz et... elle a gagné. Ce sentiment de triomphe, ainsi que l'arrivée d'une nouvelle belle-mère presque de son âge, ont motivé Ernestyna à organiser sa vie en dehors de la Pologne.

Elle est partie vers l'Ouest, où elle a rencontré quelques difficultés. À Berlin, en tant que Juive, elle ne pouvait pas rester sans autorisation ou sans garant. On ne sait pas clairement comment cela s'est produit, mais Ernestyna aurait sollicité directement l'autorisation du roi de Prusse. La femme a dû faire forte impression sur lui, car il lui a accordé une autorisation de séjour à vie. Ernestyna enseignait l'hébreu et vendait des cartes parfumées, qui servaient à la fois de désodorisants et de décorations. Son rapport à la religion devenait de plus en plus distant, et elle se consacrait à la découverte de divers systèmes religieux. Elle a également voyagé aux Pays-Bas, en Belgique et en France, mais n'y est pas restée longtemps, avant d'arriver au Royaume-Uni.

De Londres à New York

Arrivée à Londres, Ernestyna vendait ses désodorisants, enseignait l'hébreu et l'allemand, tout en apprenant elle-même l'anglais. Au Royaume-Uni, elle était membre de la Société de Toutes les Classes et Toutes les Nations. Ce groupe rassemblait des partisans de l'égalité universelle. Ernestyna croyait que chacun devait avoir des droits égaux, indépendamment du sexe, de la religion ou de l'origine. À 26 ans, Ernestyna épousa William Ella Rose, qui partageait les opinions de sa femme. En 1836, le couple s'installa à New York, où la Piotrkovienne prônait l'abolition de l'esclavage, donnant des conférences. De plus, elle était active dans la lutte pour les droits des femmes, intervenant dans de nombreux rassemblements et prononçant des discours. Elle voyageait à travers le pays et donnait des conférences sur l'égalité. En 1854, elle devint présidente de la Convention Nationale des Droits des Femmes. Ernestyna gagna rapidement en popularité, mais son attitude suscitait des émotions contrastées. Bien qu'elle ne s'identifiait pas à une religion, elle ne cessa jamais de se sentir juive.

- Je suis la fille d'une Pologne pauvre et opprimée et d'un peuple persécuté appelé les Juifs , disait Potowska-Rose, comme on peut le lire sur le site internet du Musée du Ghetto de Varsovie.

Potowska-Rose s'impliquait dans l'aide aux esclaves, mais sa santé déclinante la poussa, avec son mari, à retourner en Angleterre en 1869, alors qu'elle avait 59 ans.

Là, elle rejoignit les suffragettes anglaises et lutta activement pour les droits des femmes, tant que sa santé le lui permit. Les sources ne précisent pas si Potowska-Rose souffrait d'une maladie particulière, et la dégradation de son état de santé est expliquée par de nombreux voyages. Avant sa mort, Ernestyna participa encore à une conférence pour les droits de vote des femmes à Londres, et elle prit également la parole à ce sujet à Édimbourg.

- Presque toute ma vie, j'ai lutté de toutes mes forces, qui étaient modestes, pour les droits de l'homme, et en particulier pour les droits des femmes, aurait déclaré Ernestyna à la fin de sa vie, selon le livre "Piotrkowianki. Portrety kobiet niezwykłych".

Ernestyna est décédée le 4 août 1892 à Brighton, à l'âge de 82 ans. Aujourd'hui, elle reste aux États-Unis l'une des figures les plus importantes du mouvement féministe. Son action n'est pas largement connue des habitants de Piotrków, mais sa biographie a été présentée dans le livre "Piotrkowianki. Portrety kobiet niezwykłych".